Littérature et psychologie
- Emmanuelle Jay
- 23 juin
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 sept.
Santé psychique et littérature

Un livre comme je les aime : ni manuel de littérature, ni manuel diagnostique, mais un ensemble de chapitres accessibles et passionnants qui poussent à réfléchir autant qu’à ressentir.
Les liens entre écriture, lecture et psychologie sont ici remarquablement démontrés.
Les liens entre écriture, lecture et psychologie
L’écriture et la lecture ne sont pas seulement des compétences scolaires ou des outils de communication. Elles sont des pratiques profondément liées au psychisme humain, capables d’éclairer nos fonctionnements intérieurs, de soutenir notre équilibre émotionnel et d’accompagner des processus de transformation. La psychologie, en tant que science de l’âme et de la subjectivité, trouve dans ces deux activités un terrain fertile où observer, comprendre et parfois soigner.
Écrire : mettre en mots pour se rencontrer
L’écriture est une manière privilégiée d’entrer en relation avec soi. Écrire, c’est donner forme aux pensées diffuses, aux émotions parfois informulées, aux souvenirs fragmentés. En ce sens, l’écriture agit comme un miroir psychique : elle projette à l’extérieur ce qui se vit à l’intérieur.
En psychologie, cette fonction projective est essentielle. Elle permet de mettre à distance une expérience douloureuse, de clarifier un ressenti confus, ou encore de transformer une mémoire traumatique en récit structuré. Les thérapies par l’écriture, largement étudiées, ont montré qu’écrire sur ses émotions favorise la régulation affective, diminue l’anxiété et aide à intégrer des événements difficiles.
L’écriture mobilise également des mécanismes cognitifs liés à l’organisation du langage et de la pensée. En structurant un texte, le sujet apprend à structurer sa propre expérience. En choisissant ses mots, il devient acteur de son histoire.
Lire : accueillir la parole de l’autre
La lecture, complémentaire de l’écriture, est une plongée dans l’univers d’autrui. Lire, c’est se laisser toucher par les mots de quelqu’un d’autre, par ses images, ses émotions, ses visions du monde. Sur le plan psychologique, cette expérience favorise l’**empathie** : en entrant dans la peau d’un personnage ou en partageant la voix d’un auteur, le lecteur élargit son champ d’expérience et développe sa capacité à comprendre d’autres subjectivités.
La lecture agit aussi comme un support de symbolisation. Les histoires offrent des métaphores qui permettent d’exprimer l’indicible, de se reconnaître dans des figures imaginaires ou de trouver un sens là où la réalité paraît trop brute. En psychologie, les contes, récits ou poèmes sont parfois utilisés comme médiateurs thérapeutiques, car ils offrent aux patients des images dans lesquelles projeter et explorer leur vécu.
Un va-et-vient fécond
Écriture et lecture ne sont pas des pratiques séparées, mais un dialogue permanent. Lire nourrit l’écriture : les mots rencontrés inspirent, résonnent et ouvrent de nouvelles voies d’expression. Écrire, en retour, enrichit la lecture : celui qui a éprouvé la difficulté de mettre en mots comprend mieux la valeur et la densité des textes des autres.
Ce va-et-vient crée un espace psychologique où l’individuel et le collectif se rejoignent. En écrivant, on trace son chemin singulier ; en lisant, on s’inscrit dans une communauté symbolique qui relie les expériences humaines.
Une fonction psychologique universelle
Au croisement de l’intime et du culturel, écriture et lecture participent à la construction de l’identité psychique. Elles permettent de se dire, de se comprendre et de s’ouvrir à l’altérité. Elles offrent des moyens de résilience face aux blessures, des outils de connaissance de soi, et des espaces de créativité.
Ainsi, les liens entre écriture, lecture et psychologie révèlent une vérité fondamentale : les mots sont bien plus que des signes. Ils sont des lieux de passage entre le dedans et le dehors, entre soi et l’autre, entre la souffrance et le sens.