Les vertus d'une colère saine
- Emmanuelle Jay
- 11 juil.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 sept.
La colère, une émotion qu'on travaille en boxe-thérapie
J'ai trouvé cet extrait du livre "Les mots pour le dire" de Marie Cardinal très lumineux :
"Aujourd'hui la violence me venait comme un présent splendide et dangereux, une arme redoutable, incrustée d'or et de nacre, que j'allais devoir manipuler avec la plus grande précaution. Il me tardait de me mettre à l'épreuve. Je savais que je ne voulais m'en servir que pour construire et non pour détruire. Avec la conscience de ma violence est venue, en même temps, la conscience de ma vitalité, de ma gaieté et de ma générosité. J'étais presque construite."

"Colère et vitalité" est l'une des dyades sur laquelle s'appuie ma pratique, tout particulièrement la boxe-thérapie. La violence intérieure, perçue une force vitale, peut être transformée en énergie créatrice. J'ai trouvé très beau que Marie Cardinal compare sa violence à une arme précieuse, presque artistique. L’or et la nacre, une puissance à manier avec soin, pour bâtir et créer.
Bien sûr ! Voici une version réécrite et développée de ton texte, qui fait environ 600 mots :
En savoir plus sur la boxe-thérapie :
La boxe-thérapie, également appelée boxe-écriture dans mon cabinet, est une approche originale qui associe la pratique corporelle de la boxe à un travail de réflexion et d’expression personnelle. Elle ne se limite pas à l’aspect sportif ni à la recherche de performance physique : son objectif est d’explorer ses ressentis, de mieux comprendre ses réactions intérieures et d’apprendre à transformer certaines dynamiques émotionnelles ou relationnelles.
Lorsqu’une personne entre sur le ring, ou même dans un simple exercice de mise en situation, elle est immédiatement confrontée à tout un éventail de sensations et de comportements. La tension monte, le corps se prépare instinctivement à se défendre ou à attaquer. Les réflexes se mettent en place, souvent sans que l’on en ait pleinement conscience. La confrontation à l’autre, qu’il s’agisse d’un partenaire ou d’un adversaire, vient activer des zones sensibles : le rapport de force, la gestion de la distance, la manière d’utiliser sa puissance ou au contraire de se protéger. Toutes ces réactions sont autant de fenêtres ouvertes sur le monde intérieur de chacun.
La boxe devient alors un miroir symbolique de ce que l’on vit au quotidien. La manière dont on se place face à l’autre, dont on ose avancer ou reculer, dont on gère une attaque ou un moment de déséquilibre, renvoie directement à la façon dont on affronte les situations de la vie courante. Certains vont se découvrir dans une position défensive permanente, d’autres vont réaliser qu’ils attaquent trop vite, sans attendre. Certains constateront qu’ils évitent le contact ou qu’ils perdent leurs moyens face à la pression. Ce constat, loin d’être un jugement, devient une matière précieuse pour progresser.
C’est là qu’intervient l’écriture. Après ou pendant la pratique, les ressentis sont couchés sur le papier. L’écriture agit comme un second temps d’intégration. Ce qui était vécu dans l’action – parfois confus, rapide ou intense – trouve alors une forme plus claire, plus structurée. On peut poser des mots sur la peur, sur la colère, sur le plaisir de sentir sa force ou encore sur la difficulté à accepter la confrontation. Cette mise en mots permet d’ancrer l’expérience et d’en tirer un apprentissage concret.
Peu à peu, l’alliance de la boxe et de l’écriture ouvre un espace de transformation personnelle. On ne cherche pas seulement à identifier ses réactions, mais aussi à les faire évoluer. Par exemple, une personne qui se rend compte qu’elle se replie systématiquement pourra expérimenter de petites avancées, apprendre à maintenir sa position, à respirer et à s’affirmer. À l’inverse, quelqu’un qui attaque sans mesure pourra explorer la retenue, la patience, le contrôle du geste. Dans tous les cas, il s’agit de développer une meilleure conscience de soi et d’installer des choix plus libres dans sa manière d’agir.
La boxe-thérapie ne nécessite pas d’avoir une grande expérience sportive. Elle s’adresse à toute personne désireuse d’entrer dans un processus d’exploration personnelle. Le cadre est sécurisé, les exercices sont adaptés et progressifs, et le but n’est pas la compétition mais la découverte de soi à travers le mouvement. Le corps et l’esprit travaillent ensemble : les gestes physiques nourrissent la réflexion, et l’écriture redonne sens et profondeur à ce qui a été traversé.
En somme, la boxe-écriture est une pratique qui invite à reconcilier le corps et les émotions, à reconnaître ses forces et ses vulnérabilités, à apprivoiser son énergie et à cultiver une présence plus consciente. C’est un cheminement qui combine puissance et délicatesse, impact et recul, action et introspection.