La thérapie existentielle selon Irvin Yalom
- emmanuellejay
- 13 mai
- 4 min de lecture

Dans cet article, je partage quelques réflexions inspirées par la lecture du livre « L’art de la thérapie » d’Irvin Yalom. Son approche existentielle m’a profondément touchée, tant elle résonne avec ma propre manière d’accompagner mes patient·es.
La lecture du livre « L’art de la thérapie » d’Irvin Yalom m’a passionnée. Je me sens particulièrement proche de son éthique thérapeutique. Voici quelques points et extraits qui m’ont marquée :
Un pluralisme méthodologique
Irvin Yalom prône « un pluralisme méthodologique dans lequel interviennent différentes approches thérapeutiques ». C’est aussi mon cas. De par mon expérience et mes formations, je m’appuie sur divers modèles et plusieurs théories pour accompagner mes patientes selon leur demande et leurs besoins. En étant bénévole chez SOS amitié, j’ai appris à écouter sans jugement qu’ils soient positifs ou négatifs. En suivant le master de psychanalyse, j’ai affiné mon écoute de l’inconscient. Dans les différentes formations au travail du rêve que j’ai suivi, j’ai découvert la synergie des approches de Jung, de Freud, des artistes, du symbolisme. Enfin, ma formation initiale dans les médiations m’a démontré que la créativité est constitutive des processus de la thérapie.
L’approche dynamique de l’inconscient
L’approche « dynamique » m’a particulièrement interpellée. Yalom en donne une définition essentielle : « Laissez-moi développer cette définition laconique en éclairant l'expression « approche dynamique ». […] j'utilise le terme « dynamique » dans son sens technique, qui conserve l'idée de force, mais est fondé sur le modèle freudien de fonctionnement psychique, postulant que les forces en conflit au sein d'un individu engendrent les pensées, les émotions et le comportement dudit individu. De plus - et c'est un point crucial - ces forces en conflit existent à plusieurs niveaux de conscience ; en fait, certaines sont entièrement inconscientes. ». Dans mon cabinet, l’écoute des manifestations et des expressions de l’inconscient, que ce soit dans la parole ou dans l’écriture, sont essentielles. Je n’écoute pas seulement le contenu, mais je suis attentive aux processus.
Créer sa propre méthode
Je trouve formidable qu’Irvin Yalom invite les thérapeutes à découvrir leur propre méthode : « J'espère qu'ils découvriront [les thérapeutes] leur propre méthode créative pour adapter et appliquer à leur situation ce que j'ai moi-même appris ». Le partage est fécond et voué à être intégré par chacun·e dans sa pratique. Cette invitation à la créativité dans la thérapie se retrouve également dans ce passage duquel je me sens très proche : « Dans son autobiographie, Jung met en avant le caractère unique du monde intérieur de chaque patient et de son langage, unicité qui demande au thérapeute d'inventer une nouvelle approche pour chacun d'entre eux. Il est possible que j’attache trop d'importance à ce point, mais je crois que la crise actuelle de la psychothérapie est tellement grave, et la spontanéité du thérapeute à ce point menacée qu'un changement radical s'impose. Nous devons même aller plus loin : le thérapeute doit s'efforcer de créer une nouvelle thérapie pour chaque patient ». C’est exactement ce dont il s’agit dans le travail de la médiation. Chaque consigne d’écriture et chaque jeu de boxe (boxe-thérapie) sont pensés sur mesure fonction de la demande ou du symptôme. Cette créativité, qui fait partie intégrante de ma pratique, est une source constante d’enrichissement.

Se méfier des diagnostics
Au sujet du diagnostic, sa position est très claire : « Pour commencer, la psychothérapie repose sur un processus de dévoilement graduel par lequel le thérapeute cherche à connaître le patient aussi complètement que possible. Un diagnostic limite la vision ; il diminue la capacité d'établir un rapport à l'autre en tant que personne. » Il me semble aussi important de ne pas enfermer le patient (ou notre écoute) dans un diagnostic car : « Une fois le diagnostic établi, nous avons tendance à rejeter sélectivement les caractéristiques du patient qui ne correspondent pas à ce diagnostic particulier, et parallèlement à donner trop de poids aux aspects mineurs qui paraissent confirmer l'analyse initiale. En outre, un diagnostic peut se transformer en prophétie autoréalisatrice. ». Une mise en garde bien précieuse.
Aimer les questions
Autre point qui me parle : aimer les questions, plus que les réponses ;) « Soyez patient en face de tout ce qu'il y a d'irrésolu dans votre cœur et essayez d'aimer les questions elles-mêmes. » Quelle sagesse !
Le « point d’urgence » en séance
Au sujet du déroulement des séances, Irvin Yalom suggère d’aller chercher « le point d’urgence ». En parlant de Jung il écrit : « Il incite les patients à commencer la séance par son « point d'urgence » (selon Mélanie Klein) et à explorer, en creusant de plus en plus profondément, les sujets importants qui surgissent au fur et à mesure. Quels sujets ? Peut-être un sentiment éprouvé pour le thérapeute, un point qui a émergé à la suite d'une séance… »

Cette lecture m’a nourrie autant professionnellement que personnellement. Elle nous encourage à rester à l’écoute, créatif et engagé pour une thérapie vivante, profondément humaniste.
Une lecture inspirante pour tout praticien... ou tout curieux de l’âme humaine.