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La libre association scripturale

dessin d'atelier Boxe & Ecriture






En 1925, Freud écrit Note sur « le bloc-notes magique », un court texte dans lequel il compare le fonctionnement de la mémoire à celui de l’écriture en utilisant la métaphore de l’ardoise magique.


Écriture et psychisme ont pour activité commune d’inscrire des traces dans une surface. Cette surface est immatérielle pour le psychisme : c’est la mémoire. Elle est matérielle pour l’écriture : il peut s’agir d’une feuille, d’un carnet, d’un tableau, d’un mur… A la frontière de cette écriture matérielle et immatérielle se trouve cette lisière scripturale. Pour donner un exemple : lorsque je note mon rêve, le geste de l’écriture provoque la remontée d’autres bribes, d’autres images, d’autres pièces du puzzle. L’écriture stimule les souvenirs du rêve qui reviennent par morceaux, elle se fait alors liaison du conscient et du pré-conscient.


Écrire nécessite de faire participer activement le corps. Le geste de l’écriture, autrement dit celui de la main qui trace les lettres sur la feuille de papier, contraint le rythme des pensées à ralentir pour se mettre au diapason du rythme du geste. L’écriture s’auto-génère et fonctionne comme une libre association scripturale. Elle favorise les enchaînements de pensée tout simplement par la trace qu’elle laisse. Une phrase en appelle une autre. Un mot, un autre. La matière-mot écrite n’est plus volatile, la trace permet de « se relire » et chaque nouvelle pensée s’appuie ou s’oriente d’après la précédente. « J’assiste à l’éclosion de ma pensée : je la regarde, je l’écoute », écrit Arthur Rimbaud dans ses correspondances.


Certaines propositions d’écriture favorisent la libre association comme « la poupée russe » où on part d’un mot pour former une association selon le modèle suivant : dans… il y a…. Cette proposition d’écriture permet d’explorer une ou plusieurs chaînes associatives. Les listes inspirées par Sei Shonagon, poétesse japonaise du 11e siècle (Choses qui ne font que passer, choses que l’on méprise, choses qui font battre le coeur….) permettent également un travail associatif en rassemblant des éléments épars dans le temps, dans l’histoire, dans les différents espaces imaginaires ou symboliques.


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