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Comment accompagner un adolescent en deuil ?

« Les mots que l’on prononce ne sont pas les mots que l’on écrit » – Pascal Quignard.

La thérapie par l’écriture pour les adolescents en deuil avec l'association Empreintes ou en cabinet libéral


Je co-anime des ateliers d'écriture thérapeutique, en lien avec le deuil, pour des adolescents à Paris 10ème. Je reçois également en cabinet libéral avec la médiation écriture pour accompagner les adolescents en deuil.


Comment se déroule un atelier d'écriture thérapeutique en lien avec le deuil pour les adolescents ?


L’atelier d’écriture est composé de plusieurs temps. Un temps d’accueil ritualisé. Des temps d’écriture à partir de propositions ou de consignes variées, qui alternent avec des temps de lecture des textes produits en atelier. Un temps de clôture, bien sûr, pendant lequel chacun peut élaborer pour lui-même quelque chose en lien avec le groupe.


J’utilise de nombreux supports pour rendre l’atelier ludique et susciter un engagement facilité. Des cartes Langage des émotions, Univers des sensations, Roads, Chemins, mais aussi des photographies, peintures, images de toutes sortes.


Comment accompagner les adolescents en deuil avec l'écriture thérapeutique ?


L’écriture thérapeutique est un outil intéressant pour les adolescents qui n’aiment pas parler ou qui n’ont pas un accès facile aux mots. Plus besoin de « dire » lorsqu’on ne sait pas par où commencer ou lorsqu’on a l’impression « d’avoir tout dit ». La consigne d’écriture, combinée à une proposition d’images ou d’un jeu de pioche pour faciliter l’adhésion, va s’apparenter à un jeu « intelligent » ou « imaginatif » et va apporter une touche de défi à relever.


L’écriture thérapeutique est un espace médiatisé, libre mais bordé. Il s'agit de répondre à une proposition plus ou moins contraignante dans sa forme ou dans sa thématique. Elle sera inventée sur mesure pour le patient par l’art-thérapeute qui n’a pas pour autant d’attente spécifique quant à la production. C’est dans le plaisir d’écrire à son rythme, en suivant son fil de pensé immédiate et spontanée que la proposition prend forme.


L’aspect ludique de la proposition d’écriture stimule la créativité et le jeu non sans rappeler le monde de l’enfance (espace privilège du jeu). Il est en cela un outil particulièrement adapté à l’adolescent·e qui n’a plus envie d’être pris pour un petit mais qui peut encore (comme nous toutes et tous) avoir le plaisir du jeu.


L’adolescent n’est plus devant la page blanche de son intériorité mais devant un espace bordé par la proposition qui l’invite à venir y déposer seulement quelques mots pour commencer. Aucune pression, juste écrire un premier mot. C’est là que, le plus souvent, « la magie de l’écriture » opère. Comme un enfant qui se mettrait à marcher en posant un pied devant l’autre, le « mot après mot » va dessiner une phrase, puis une autre, surprenant souvent l’adolescent·es qui ne se pensait pas capable d’écrire tout ça. L'écriture enclenche le mouvement.


Comment soulager les angoisses d'un adolescent en deuil ?


Dans l'atelier d'écriture, l’adolescent en deuil va pouvoir retrouver confiance en lui : renouer avec la langue, avec le geste d’écrire, en prenant son temps, en écoutant le silence, en se reliant aux mots et à ses émotions. Les différents supports associés : musique, image, dessin, expérience d’un goût ou d’une odeur, vont faciliter le travail sur les émotions et l’entrée dans l’espace intime.


À celles et ceux qui « débordent » (de mots, de pensées, d’émotions) l’écriture va contenir. Le travail de structuration - passant par des consignes de formes strictes - va permettre une exploration nouvelle. Le récit va pouvoir se déposer. Chez les adolescents cette médiation particulièrement contenante apporte un sentiment de sécurité dans le cadre thérapeutique qui devient rapidement un espace de liberté d’expression qui s’appuie sur ce paradoxe de la « contrainte libératrice ».


Conclusion


L’écriture thérapeutique, bien que méconnue, est un outil particulièrement intéressant pour les adolescents. Elle vient réveiller leur créativité et peut prendre de multiples formes, qui toutes, conduisent à l’élaboration en trois temps : écriture - lecture - parole. Elle place, et j’y tient particulièrement, l’adolescent dans sa position de sujet en construction, tout en préservant quelque chose de l’enfance (imagination et jeu) et du sérieux de l’adulte (pensées, écriture, élaboration, création).


Voici les verbatims de trois adolescents accompagnés lors de la première session des atelier d'écriture thérapeutique sur le deuil avec l'association Empreintes.


Je voudrais te dire… que j’aimerais te revoir, te raconter tout ce que j’ai fait, ce qui m’est arrivé, ce que j’aime à présent. J’aimerais te dire ce que je pense, les moments auxquels je rigole ou pleure, ce qui me fait penser à toi, te poser des questions sur ce que tu aimais vraiment.

(Chloé, 11 ans)

J’avance en me demandant…comment ça aurait été avec elle, comment ça serait si elle ne serait pas morte, J’avance en me demandant qui je suis, J’avance en me demandant ce qu’est la vie, J’avance en me demandant de quoi est fait l’avenir et quand il vient ce qui m’y a conduit, J’avance en me demandant ce qu’est une émotion et comment la reconnaît-on.

(Alban, 16 ans)

« Lettre à ma solitude Chère solitude, Tu es ce sentiment qui par moment ne me quitte pas depuis la mort de ma sœur. Tu es comme une sorte de vague qui fait des allers-retours. Au revoir Solitude. »

(Emilie, 12 ans)

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